Yohann Fortune a soutenu son Habilitation à diriger des recherches le 22 novembre 2024, à l’Université Rennes 2. Bravo à lui !
Composition du jury
Michaël Attali, Professeur en STAPS, Université de Rennes 2 (garant) Daphné Bolz, Professeure en STAPS, Université de Rouen (rapporteure) Olivier Chovaux, Professeur d’histoire contemporaine, Université d’Artois (rapporteur) Hélène Joncheray, Maîtresse de conférences HDR en STAPS, INSEP (examinatrice) Jean Saint-Martin, Professeur en STAPS, Université de Strasbourg (rapporteur) Françoise Taliano-des Garets, Professeure d’histoire contemporaine, Sciences Po Bordeaux (examinatrice).
Résumé
Le travail mené dans le cadre de cette HDR s’inscrit dans un champ de recherche singulier, à la croisée des STAPS et de l’histoire contemporaine. Le premier volume (544 pages) se divise en quatre grandes parties – les trois premières composant le mémoire de synthèse et la dernière constituant le mémoire inédit – dont la cohérence repose sur un éventail de réflexions à la fois scientifiques, épistémologiques, personnelles et professionnelles. La première partie – « Exhumer » – a vocation à comprendre comment le sport et l’histoire se sont entremêlés au point de devenir les éléments structurants d’une trajectoire de vie. Par le biais d’un essai d’égo-histoire, l’enjeu consiste à saisir les ressorts d’une double socialisation, à la fois sportive et intellectuelle. Dans une deuxième partie – « Exister » – il est question des principaux sujets de recherche ayant accompagné le parcours doctoral et postdoctoral : les enjeux relatifs à la cotation des performances athlétiques dans l’éducation physique scolaire, la scolarisation des activités sportives, mais aussi l’étude des processus de fabrication des héros et/ou des mythes sportifs. La troisième partie « Exercer » – propose une réflexion plus professionnelle. Après avoir évoqué les travaux et projets collectifs menés au sein du laboratoire VIPS², il s’agit de se livrer à l’exercice d’une réflexion critique sur le métier d’universitaire. L’analyse montre qu’au-delà de la recherche, celui-ci est tenu d’endosser d’autres rôles, fonctions et/ou responsabilités rendant son quotidien complexe. À la croisée d’impératifs scientifiques, pédagogiques et institutionnels, c’est de cette complexité dont nous avons souhaité discuter. Enfin, la quatrième partie – « Explorer » – pose les enjeux d’une historiographie des espaces sportifs, à partir d’une étude de cas portant sur l’histoire sociale et culturelle du Pré Catelan, l’un des tous premiers lieux à avoir été dédié à la pratique sportive en France. L’objectif est de saisir les articulations entre les dimensions architecturales, fonctionnelles, symboliques et politiques de ce territoire afin d’en capter la physiologie, c’est-à-dire les mécanismes qui en ont fait un lieu vivant, où le sport n’est pas tout. Retracer l’histoire du Pré Catelan à travers les pratiques et les relations sociales qui s’y déploient, c’est réfléchir à la manière dont les membres du Racing Club de France (RCF) se donnent à voir, comment ils se signifient à la fois politiquement, socialement ou symboliquement. Plus qu’un simple périmètre géographique, ce lieu est l’objet de représentations renvoyant aux questions d’appartenance au groupe comme à celles des identités individuelles et collectives. Bien qu’élitiste dans son fonctionnement, son étanchéité n’est que partielle, invitant le chercheur à capter les perméabilités vis-à-vis de l’extérieur. À la fois vitrine et centre névralgique du RCF, le Pré Catelan est d’abord un espace de militantisme sportif multiforme. À cet égard, il symbolise « une certaine idée du sport » qu’il s’agit de mettre à nu. En complément du premier volume, un second volume (652 pages) regroupe l’intégralité des travaux publiés depuis la thèse.